L’origine des speakeasy : quand la Prohibition a enfermé l’alcool… mais pas l’envie de faire la fête
Quand on pousse aujourd’hui la porte d’un speakeasy à New York, on entre dans un bar chic, tamisé,
où les cocktails sont travaillés comme de petites œuvres d’art. Mais à l’origine, les speakeasy n’avaient
rien de glamour : ce sont des enfants directs de la Prohibition, une période où l’alcool était officiellement
interdit aux États-Unis.
En 1919, le 18ᵉ amendement à la Constitution américaine est ratifié et la loi Volstead encadre cette interdiction :
production, transport, vente d’alcool… tout est proscrit. Sur le papier, l’idée est de rendre la société plus « morale »
et de lutter contre l’alcoolisme. Dans les faits, les bars fermés en façade ont vite été remplacés par toute une
myriade d’établissements clandestins. On boit moins en vitrine, mais on boit surtout différemment, caché.
C’est là que naissent les fameux speakeasy. L’expression viendrait de la consigne donnée aux clients :
« speak easy », parle doucement, pour ne pas attirer l’attention des voisins ni de la police. Ces bars
illégaux se dissimulent derrière une façade anodine : une épicerie, un barbier, un vendeur de cigares…
ou même une simple porte anonyme en sous-sol. On y entre souvent grâce à un mot de passe, un signe de tête,
ou par le bouche-à-oreille.
À l’intérieur, l’ambiance est électrique : on boit de l’alcool de contrebande ou distillé sur place,
parfois de très mauvaise qualité, coupé pour masquer le goût. Pour faire passer tout ça, on invente des recettes
de cocktails forts, sucrés, épicés, qui deviendront plus tard des classiques. La musique de jazz explose,
les danseurs se déchaînent, les tenues se raccourcissent et, paradoxalement, c’est en voulant moraliser la société
que la Prohibition contribue à libérer les mœurs et à créer une vraie culture de la nuit.
Bien sûr, tout cela ne se fait pas sans tensions. La police effectue régulièrement des descentes,
les établissements ferment, rouvrent sous un autre nom, changent de façade. Les gangsters et la mafia voient
là un terrain de jeu idéal pour organiser le trafic et protéger certains bars contre rémunération.
Le speakeasy devient à la fois un symbole de résistance au puritanisme et un élément central de l’économie
souterraine new-yorkaise.
En 1933, la Prohibition est finalement abandonnée. Officiellement, les speakeasy disparaissent,
les bars redeviennent légaux et les cocktails sortent de l’ombre. Mais l’imaginaire de ces lieux secrets,
avec leurs entrées cachées et leurs ambiances feutrées, reste profondément ancré dans la mémoire collective.
C’est justement cet héritage que les speakeasy modernes vont venir réinventer.
Comment les speakeasy sont redevenus ultra-tendance à New York
Après la fin de la Prohibition, les bars retrouvent progressivement pignon sur rue,
les néons réapparaissent et les comptoirs se remplissent. Pendant un temps, l’idée même du speakeasy
semble appartenir au passé. Pourtant, à partir des années 1990-2000, un nouveau mouvement
va remettre ces lieux au goût du jour : la cocktail culture.
Des bartenders passionnés se mettent à dépoussiérer les vieilles recettes,
redonnent au shaker son statut d’instrument de précision, et replacent la qualité des produits au centre.
Dans ce contexte, l’esthétique speakeasy devient un terrain de jeu parfait :
on reprend les codes des années 20 et 30 – entrées dissimulées, banquettes en velours, lumière basse –
mais avec un niveau de service et de créativité digne des meilleurs restaurants.
À New York, cette vague explose particulièrement dans les années 2000.
Des adresses comme Please Don’t Tell (PDT) ou Attaboy deviennent rapidement cultes.
On ne vient plus seulement « boire un verre », on vient vivre une expérience : deviner la bonne porte,
entrer par une cabine téléphonique, traverser un snack pour se retrouver dans un salon feutré,
choisir un cocktail sur-mesure imaginé avec le barman… Tout est pensé pour créer un moment à part.
Les New-Yorkais adorent ce mélange de théâtre et de gastronomie liquide.
Les voyageurs aussi : quand on vient à New York, on a envie de sentir qu’on vit quelque chose d’un peu interdit,
d’un peu secret, même si tout est parfaitement légal. Le speakeasy coche toutes les cases :
c’est instagrammable, c’est immersif, et c’est souvent beaucoup plus chaleureux qu’un bar classique
où l’on pousse simplement la porte sans réfléchir.
Aujourd’hui, certains speakeasy jouent à fond la carte du décor vintage,
d’autres s’amusent avec des univers plus modernes et décalés. Il y a ceux qui se cachent derrière une
fausse boutique de prêteur sur gages, ceux qui vous demandent un mot de passe,
ceux qui se dissimulent au fond d’un restaurant de hot-dogs ou au dernier étage d’un building.
Tous ont en commun une chose : l’envie de faire de votre soirée un souvenir,
pas juste un verre parmi d’autres.
C’est pour ça qu’aujourd’hui, tester au moins un speakeasy fait presque partie
des incontournables d’un séjour à New York, au même titre qu’un rooftop, un observatoire ou un spectacle de Broadway.
On y retrouve l’histoire de la ville, son sens du spectacle et sa capacité à se réinventer sans cesse.
Aller encore plus loin : une visite guidée des speakeasy à New York
Explorer les speakeasy par soi-même, c’est déjà une aventure.
Mais si vous avez envie de comprendre davantage l’histoire de la Prohibition,
les anecdotes derrière chaque adresse et le rôle de ces bars dans la vie new-yorkaise,
une visite guidée peut apporter une vraie plus-value à votre soirée.
Un guide local vous emmène de bar en bar, en alternant explications historiques,
conseils pratiques et bonnes adresses. Vous découvrez non seulement comment la ville a vécu l’ère
de la Prohibition, mais aussi comment les speakeasy modernes se sont approprié cet héritage pour
en faire quelque chose de résolument actuel. C’est aussi l’occasion idéale pour poser toutes vos questions,
tester des cocktails que vous n’auriez pas osé commander, et repérer des quartiers dans lesquels revenir
plus tard pendant votre séjour.
Si vous aimez l’idée de mélanger culture, histoire et plaisir d’un bon verre,
ce type de visite est clairement fait pour vous. C’est aussi une bonne façon d’éviter de passer à côté
d’adresses intéressantes ou de vous retrouver dans des bars un peu trop touristiques.
Vous gagnez du temps, vous découvrez des lieux que vous n’auriez probablement jamais trouvés seul,
et vous profitez d’une soirée très structurée, sans avoir à tout organiser.
Pour préparer votre séjour, vous pouvez par exemple réserver une visite thématique dédiée aux bars
cachés et aux speakeasy new-yorkais. Nous vous recommandons une sélection de visites organisées
via notre partenaire, avec des guides qui connaissent vraiment le sujet.